LA UNE DU MAT

LE JOURNAL DE CE QUI S'ÉCRIT DANS LE MONDE A LA PREMIÈRE HEURE - HEBDOMADAIRE

dimanche 18 juillet 2010

L'été commence avec ARTAUD!

Il me manque une concordance des mots avec la minute de mes états.
"Mais c'est normal, mais à tout le monde il manque des mots, mais vous êtes trop difficile avec vous même, mais à vous entendre il n'y parait pas, mais vous vous exprimez parfaitement en français, mais vous attachez trop d'importance à des mots."
Vous êtes des cons, depuis l'intelligent jusqu'au mince, depuis le perçant jusqu'à l'induré, vous êtes des cons, je veux dire que vous êtes des chiens, je veux dire que vous aboyez au dehors, que vous vous acharnéz à ne pas comprendre. Je me connais, et cela me suffit, et cela doit suffire, je me connais parce que je m'assiste, j'assiste à Antonin Artaud.
- Tu te connais, mais nous te voyons, nous voyons bien ce que tu fais.
- Oui, mais vous ne voyez pas ma pensée.
A chacun des stades de ma mécanique pensante, il y a des trous, des arrêts, je ne veux pas dire, comprenez-moi bien, dans le temps, je veux dire dans une certaine sorte d'espace (je me comprends); je ne veux pas dire une pensée en longueur, une pensée en durée de pensées, je veux dire UNE pensée, une seule, et une pensée EN INTÉRIEUR; mais je ne veux pas dire une pensée de Pascal, une pensée de philosophe, je veux dire la fixation contournée, la sclérose d'un certain état. Et attrape!
Je me considère dans ma minutie. Je mets le doigt sur le point précis de la faille, du glissement inavoué. Car l'esprit est plus reptilien que vous-même, Messieurs, il se dérobe comme les serpents, il se dérobe jusqu'à attenter à nos langues, je veux dire à les laisser en suspens.
Je suis celui qui a le mieux senti le désarroi de sa langue dans ses relations avec la pensée. Je suis celui qui a le mieux repéré la minute de ses plus intimes, de ses plus insoupçonnables glissements. Je me perds dans ma pensée en vérité comme on rêve, comme on rentre subitement dans sa pensée.
Je suis celui qui connaît les recoins de la perte.

Tiré de:
Le Pèse-nerfs
Auteur
Antonin Artaud

Edito d'été

Ok on a compris!
La fraise vous n'y étiez pas; on a accusé le coup et puis on a vu que nous non plus!
Alors voilà:
On laisse la boîte aux lettres ouverte et il n'y aura pas de thème tout l'été.
On vous laisse la plage vierge; la feuille est blanche et libre à vous de la remplir selon votre envie.
C'est l'été! C'est l'aventure! C'est la trêve!
Pendant ce temps, on va se faire un bain d'anciens. ça nous fera des vacances et peut-être pas tant que ça.
Histoire de partager encore...
Même quand on a rien à dire.

La Redac

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LA MARCHANDE DE FRAISE

Elles sont rouges mes fraises!
Faces de cancrelat!
Ils sont beaux mes ballons
Faces de citron!...

T'as qu'à manger des mûres
Si tu préfères
Laisse moi mes artères
et mon cœur, à croquer.

Monsieur 1:- Aîe ça fait mal!
Monsieur 2: - Tu crois?
Quand j'ai si mal dormi?
Et qu'il fait déjà si chaud?
Monsieur 1: - Oui oui ça se peut!...

Imagine toi dans un désert
Tu croques ta p'tite fraise
Sucrée et juteuse
Vas-y voir comme c'est bon!..
Imagine...
T'as chaud et t'en crèves
Et c'est doux et juteux
c'est frais même!
Même quand c'est chaud autour...
Une fraise bien mure
Une fraise du soleil...
Tu la manges dans le désert...

"Elles sont rouges mes belles fraises!
Approchez! J'vous dis...
Elles sont pas chères
Elles sont d'ici!
Y'en a des vertes et des pas mures
Y'en a des trouées par des becs
et d'autre sans goût et sans fruit
vides de matière!

"Approchez mes p'tites fraises!
Venez don' voir mamie,
Venez voir la terre,
Venez toucher la pierre!
Mets toi à genou
Pose les mains au sol
Et gratte la poussière
de tes milliers d'années.
Tête de fraise!
Espèce de face de pet!